"Planète solaire"

Edition France libris, mai 2021

Planete solaire 1

Lecture de Philippe Veyrunes

Je viens d'achever la lecture de votre recueil "Planète solaire", à laquelle j'ai sincèrement pris beaucoup de plaisir.

Ces proses poétiques au riche vocabulaire, parsemées d'images originales et bienvenues, irriguées par un dialogue sensitif et pénétrant aussi bien avec la nature qu'avec des personnages et des lieux d'autrefois, sont vraiment réussies et attachantes.

La thématique est variée, avec une quasi-omniprésence de la nature que vous "revisitez" avec des yeux de peintre et d'amoureuse de la vie. L'attachement aux paysages de l'enfance, à la mer, aux couleurs et aux parfums de la campagne et des végétaux, vous amène à un lyrisme tout à fait personnel (Michel LAGRANGE évoque une parenté avec COLETTE, peut-être en partie ?) qui se teinte de gravité et de pudeur lorsque vous évoquez vos "chers disparus", mère ou amis. Il y a tout au long du recueil cette volonté d'inscrire la présence au monde de la "narratrice" en harmonie totale et subtile avec les éléments naturels et toutes les créatures vivantes, respectées et aimées.

Mes textes préférés sont: Tilia Platyphillos, Rêve d'Enfance, Elle était si belle, Femmes à la source, Délicieuse déliquescence, Soirs de Louise, Visitation du bleu, Ne pleure pas, A enfant neuf langue neuve, Soir d'été au pays, Célébration. 

Tout au long du recueil, je me suis plu à noter des images et des formules qui ont "fait tilt" dès la première lecture. Parmi bien d'autres: un oiseau gris soudain éclairé par une plume de soleil, le miroir qui lui avait fait des signes vénitiens, la lune caressait les meubles avec la cire de la nuit, le soleil comme volaille rousse se couche doucement sur ses ergots vaincus, suite caressante en la mineur qui te lamine pour que tu pleures, le sol est un ciel de parfum qu'on ne peut traverser à pied sec, de frais hortensias couleur de dragées, petit moineau à toi tout seul tu justifies le ciel, l'instant où la pendule abandonne le temps qui se roule en pelote etc, etc... sans oublier les délicieux néologismes de la page 62...  

Félicitations, et merci pour ces bons moments. Les articles élogieux de Michel LAGRANGE et de Gérard PARIS parus en revue dernièrement sont amplement mérités. Ils rendent bien compte de la qualité formelle de votre travail, de votre inspiration et de votre style aussi attachants qu'originaux.

Votre livre est désormais en bonne place dans ma bibliothèque aux côtés de "Le chemin de Casaluz", "Le ciel est bleu, ma mère est belle" et "Clap". Il fait partie de ceux que j'aimerai de temps à autre ressortir pour en resavourer des "morceaux choisis", en me délectant du phrasé ciselé comme des sensations que celui-ci véhicule.

Félicitations également pour les illustrations de l'ouvrage, qui prouvent si besoin était votre vrai talent de dessinatrice et de peintre. Je vous envie !

Bonne fin d'année et bonnes fêtes avec tous les vôtres.

Bien cordialement.

Philippe VEYRUNES

(PS: Michelle GRENIER vient de m'adresser un de ses derniers livres - "Flocon chaton" - que vous avez illustré avec talent, dans un style correspondant à la nature de cet ouvrage. Félicitations d'apporter ainsi votre contribution aux créations des autres....)

Lecture de Michel LAGRANGE

Eh bien, chère Jeanne, sachez que je vous dois un petit miracle. Alors que la vie me pèse et nous englue, elle et moi, dans l'à-quoi-bon quotidien, je viens de reconquérir quelques couleurs et sors, lavé de crasse intellectuelle, de votre dernier recueil "Planète solaire". Oui, un vrai bain de jouvence qui (me) rajeunit !
Comment expliquer ce petit miracle? Votre regard, éclairé d'empathie sur les êtres chers et les choses précieuses,au-delà de leur humilité apparente. Cela flamboie comme un reflet du ciel dans les eaux pures. On est dans le meilleur de la poésie, qui lève les voiles, fait découvrir pour la première fois ce qu'on oubliait de regarder.
Tout est nouveau comme un sou neuf et tout flamboie. C'est une poésie élémentaire, au sens où elle cultive les éléments primordiaux, essentiels, qui nous enveloppent de leur rayonnement permanent: la mer, le ciel, les parents, les oiseaux, les fleurs, et l'amitié, l'amour... autant d'appels d'air, comme dans l'opéra, non pas de quatre sous,
mais des cent merveilles.
Vous parlez de prose poétique -page 60- mais tout le recueil est de prose poétique! On parlerait de poésie naïve comme la peinture du Douanier Rousseau, naïve voulant dire venue de l'enfance. Enfance de l'art, art de l'enfance... Et que de trouvailles, autrement dire de révélations évidentes par des rapprochements de mots, des jeux de mots, des mots qui s'aiment et sèment à tous vents! Tels, au hasard heureux d'une rencontre "le "rosier turbulent", la "passoire à musique" du tilleul, la "volaille rousse" du soleil et ses "ergots vaincus"...ou
l'enfant qui "se jupe à fleur du matin" et qui "liane ma joie...  Ce sont des trouvailles qui sont remarquables et semblent toutes naturelles, évidentes! Tel ce "quand l'azur se pupille dans le tendre de ses yeux", ou encore cet enfant qui avait "sucé tout son pouce"...Ce petit "tout" change une expression banale en une image de gourmandise heureuse!
Oui, Jeanne Champel-Grenier est un poète qui rend grâce à la Vie majuscule et qui honore le trésor des humbles de ses plus belles couleurs. Car elle peint, et ce n'est pas le moindre miracle de ce recueil que de faire se correspondre art pictural et peinture verbale. Jeanne peint avec les mots autant qu'elle décrit avec ses couleurs.
Oui, on ne peut que sortir régénéré, allégé, embelli par cette centaine de pages poétiques. Décidément, un petit parfum de Vivaldi ou de Rossini n'aura pas fini de m'accompagner aujourd'hui et après. Et l'on ne peut donc qu'exprimer sa gratitude à la poétesse et à son style, maintenant bien reconnaissable.

Lire Jeanne Champel Grenier, vivre un instant à la lumière de ses tableaux sont une expérience toujours positive, toujours nourrissante. Cette suite de souvenirs d'enfance, mais également de contemplations philosophiques, le plus souvent tendre mais sans concession au désarroi ambiant, fait preuve d'une vision profonde et chamarrée : celle du poète.

D'emblée, voici la tonalité de ce recueil : Alors, je décidai de saisir sur ma route, le verre à demi plein et de le brandir afin qu'il se remplisse de cette lumière, de ce cru céleste qui éclaire loin, et longtemps.

Puis : Au fond de moi et en périphérie, un fakir marche sur les braises d'un amour qui cache son nom, et je brûle d'écrire l'impossible douleur des mots qui clouent le secret à ma porte.

L'écriture est élégante, la prose est forte en images, le propos est dense, même quand il est teinté d'humour. Concernant son tilleul, éminent arbre de vie : Il est d'une patience et d'une générosité sans pareille. Il me connaît, me reconnaît. C'est un être majuscule et je l'ai inscrit à la cime de mon arbre généalogique.

Empathie envers les êtres et toutes choses qui prennent vie sous des yeux émerveillés, bienveillants. Oui, lire Champel Grenier est un bol de lumière.

Parfois, les gènes ardèchois et catalans de l'auteure ne peuvent s'empêcher de jouer avec les mots, dans un château en ruine : Parfois s'y arrête, accompagné de son chien, un pauvre laissé-pour-compte, ou pour comte, ou pour conte, qui sait ? Tout est là : un grand bol d'affection, un zeste de dérision heureuse, le bonheur simple du ravi. On pense à Pagnol, à Daudet. Colette n'est pas loin. Et Laurent Bayart se tient en embuscade ; le tout est daté de juin 2020... ou deux mille vins.

Maintes lignes sont particulièrement enlevées : LIBRE, l'oiseau a tout réussi. Il témoigne du Ciel, Lui, le prodige aérien, surgi du magma vivant des possibles, bien avant les hommes et leur mémoire. Dès la naissance, il lui suffit de quelques miettes pour mettre la vie en musique et nous transporter jour et nuit, sur les portées d'harmonie. Ou bien : Quand la femelle couve, l'embryon la reconnaît aux petits coups de bec en morse qui rassurent, et racontent tous les soirs, l'histoire de la chouette au bois dormant. Magnifique !

Exponentielle légèreté de l'être :  le poète ne cesse de nous enchanter, de nous nourrir par sa vision simple mais sacrée. Justement parce qu'elle remonte aux sources, à l'eau lustrale, à l'infiniment humble, aux écorces essentielles de la vie. Du coup, les violettes deviennent un tatouage de l'âme,  le ciel se fait diamantaire qui va retomber en pluie de milliards de carats insaisissables. Et sur le parvis d'une cathédrale, en guise de prière : Ô gouffre structuré mi-intime mi-sacré aux abyssaux vitraux qui s'élèvent infiniment, avec autour de soi cette odeur de moisi, d'encens et de marée qui vous interroge ad vitam aeternam.

Textes solaires, tandis que l'instant s'égoutte...

Encore quelques paragraphes pour la célébration de sa mère :  Ton souvenir, c'est toujours une écriture de printemps, simple et tendre, sans fioriture. (...) Je ne t'ai pas perdue : tu es juste devant moi... Sans oublier le final du recueil : Ah qu'elle sera courte, l'Eternité ! Courte et renouvelable à satiété...

Quoi de plus tendre, quoi de plus beau ?


Lecture de Claude LUEZIOR

Lire Jeanne Champel Grenier, vivre un instant à la lumière de ses tableaux sont une expérience toujours positive, toujours nourrissante. Cette suite de souvenirs d'enfance, mais également de contemplations philosophiques, le plus souvent tendre mais sans concession au désarroi ambiant, fait preuve d'une vision profonde et chamarrée : celle du poète.

D'emblée, voici la tonalité de ce recueil : Alors, je décidai de saisir sur ma route, le verre à demi plein et de le brandir afin qu'il se remplisse de cette lumière, de ce cru céleste qui éclaire loin, et longtemps.

Puis : Au fond de moi et en périphérie, un fakir marche sur les braises d'un amour qui cache son nom, et je brûle d'écrire l'impossible douleur des mots qui clouent le secret à ma porte.

L'écriture est élégante, la prose est forte en images, le propos est dense, même quand il est teinté d'humour. Concernant son tilleul, éminent arbre de vie : Il est d'une patience et d'une générosité sans pareille. Il me connaît, me reconnaît. C'est un être majuscule et je l'ai inscrit à la cime de mon arbre généalogique.

Empathie envers les êtres et toutes choses qui prennent vie sous des yeux émerveillés, bienveillants. Oui, lire Champel Grenier est un bol de lumière.

Parfois, les gènes ardèchois et catalans de l'auteure ne peuvent s'empêcher de jouer avec les mots, dans un château en ruine : Parfois s'y arrête, accompagné de son chien, un pauvre laissé-pour-compte, ou pour comte, ou pour conte, qui sait ? Tout est là : un grand bol d'affection, un zeste de dérision heureuse, le bonheur simple du ravi. On pense à Pagnol, à Daudet. Colette n'est pas loin. Et Laurent Bayart se tient en embuscade ; le tout est daté de juin 2020... ou deux mille vins.

Maintes lignes sont particulièrement enlevées : LIBRE, l'oiseau a tout réussi. Il témoigne du Ciel, Lui, le prodige aérien, surgi du magma vivant des possibles, bien avant les hommes et leur mémoire. Dès la naissance, il lui suffit de quelques miettes pour mettre la vie en musique et nous transporter jour et nuit, sur les portées d'harmonie. Ou bien : Quand la femelle couve, l'embryon la reconnaît aux petits coups de bec en morse qui rassurent, et racontent tous les soirs, l'histoire de la chouette au bois dormant. Magnifique !

Exponentielle légèreté de l'être :  le poète ne cesse de nous enchanter, de nous nourrir par sa vision simple mais sacrée. Justement parce qu'elle remonte aux sources, à l'eau lustrale, à l'infiniment humble, aux écorces essentielles de la vie. Du coup, les violettes deviennent un tatouage de l'âme,  le ciel se fait diamantaire qui va retomber en pluie de milliards de carats insaisissables. Et sur le parvis d'une cathédrale, en guise de prière : Ô gouffre structuré mi-intime mi-sacré aux abyssaux vitraux qui s'élèvent infiniment, avec autour de soi cette odeur de moisi, d'encens et de marée qui vous interroge ad vitam aeternam.

Textes solaires, tandis que l'instant s'égoutte...

Encore quelques paragraphes pour la célébration de sa mère :  Ton souvenir, c'est toujours une écriture de printemps, simple et tendre, sans fioriture. (...) Je ne t'ai pas perdue : tu es juste devant moi... Sans oublier le final du recueil : Ah qu'elle sera courte, l'Eternité ! Courte et renouvelable à satiété...

Quoi de plus tendre, quoi de plus beau ?


Lecture de Nicole HARDOUIN

Ici, toute la terre se repose de sa fécondité et tout son bonheur est tendu entre deux gazelles et deux nuits distantes à peine d'un pli dans la lumière et le défi tranquille de l'horizon imprenable.

Lorand Gaspar, in Sol Absolu

C'est certainement pourquoi dans ce recueil, nid de lumière, l'auteur traverse les branches, les nuées, pour inscrire la plénitude de la nature dans ses phrases alors que le soleil comme volaille rousse se couche doucement.

Jeanne Champel Grenier sait très bien accorder son dire, son ressenti, à son environnement ; elle en restitue les pulsions, les odeurs, les cris, les battements d'ailes de l'oiseau qui ne se demande pas pourquoi les astres alignés par les hommes s'allument sous la lune ...et qui dort, la tête au creux de ses rêves, alors que sa cervelle d'oiseau lui en dit long sur la bêtise des hommes qui chassent et tuent pour une noix de chair, toute une nichée de musique : Bel hymne à la nature.

Séparant la brume du vent, l'auteur se faufile dans l'invisible gué, pour y décrypter son environnement, les couleurs dans le foisonnement des plantes qu'elle connaît parfaitement, les rosiers beaux comme une nuit étoilée, les glycines accompagnées d'une haie de violettes, de lilas bleu et d'iris de Florence ; ces rosiers qui se tendent vers la lumière, la tête embrouillée d'abeilles, tel un couvent de novices en prières.

Ne pas oublier que Jeanne Champel est aussi aquarelliste d'où la précise délicatesse de ses descriptions : ce bleu aux milliards de tons que l'on dit ''dégradés'', ce bleu aux camaïeux qui se déclinent à l'infini, ce bleu est en vie, il parle à l'âme.

Sans nostalgie, avec une grande douceur, elle retrouve ses souvenirs ; comment ne pas être ému à l'évocation de la maison de son enfance : je revois les couleurs sur les plafonds surpris par l'heure endimanchée, la bouille réjouie des faïences fleuries rangées sur la crédence ; je revois mon enfance et ma tante Louise qui aimait les surprises aux heures du silence.

L'auteur traverse le miroir, l'ombre prend feu, la silhouette d'une main se tend : c'est une île, son île dans laquelle elle s'enlierre, une île où murmure toujours la silhouette de la mère de l'auteur : ton souvenir c'est toujours une écriture de printemps, je garde encore de toi la douceur des lumières qui passent sur les fleurs...je ne t'ai pas perdue, tu es juste devant moi, à quelques pas, je t'aperçois en train d'écarter les ronces sur mon chemin...Superbe ! C'est une présence absence où tout continue de s'engendrer dans la transparence des mots.

L'auteur aime les mots, les roule, jongle avec, balles lancées qu'elle rattrape toujours avec humour et lorsqu'il s'agit de décrire un enfant ''neuf'', elle en invente en jubilant : elle se jupe à fleur du matin et s'aurore les joues de menu fretin, ses cheveux se tobbogandent le soleil et tous les papillons s'antennent de poudrin de chou ; le chat miaule mi-raisin, le rouge-gorge se carrousselle...

L'auteur ne fait pas pourtant l'économie de réflexions métaphysiques: la vie est secrète, elle n'est pas à nous, elle se prête et nous échappe car trajectoires filantes nous sommes...

Planète solaire est un flacon de lumière, une île d'heures opalines qui réjouissent l'âme et l'esprit.

Murmures de l'écho de l'auteur, son rire devient l'ombre de celui du lecteur / malgré les mauvais coups, les coups bas ; oui, la vie, on l'aime encore, on continue à chercher un reflet positif dans son regard. 

Regard tourné vers la source, Jeanne Champel Grenier écoute le feu du levant ; elle y puise l'amour, le soleil et ses étincelles ; elle les transmet, en ces temps troublés ; qu'elle en soit remerciée !

La poétesse est une rêveuse d'encre, pétales au souffle de sa plume, étamines pour la nuit de ses lecteurs à qui elle conte les fables de l'espoir, de la vie, du souvenir ; et comme l'écrivait K. Giibran, se souvenir c'est en quelque sorte se rencontrer.

Bien évidemment nous ne saurions omettre de signaler que toutes les illustrations sont de l'auteur, et la mise en page impeccable de Anne Gary Reck

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