à mes enfants...

 

Parce que tu te cherches un monde...
(à  Anne)


Parce que tu te cherches un monde
Vois ma fille, mon enfant
La sidération de l’univers
Devant ta beauté profonde...
Tout semble suspendu
À tes lèvres, à ton regard
Et pourtant tout bouge
Les confins n’existent pas
C'est toujours ailleurs
Qu’il faut mener tes pas

Les astres naissent et meurent
Et cela ne nous regarde pas
C'est notre vie qui nous regarde
Et quoi que nous fassions
Nous ne serons que vers luisants
Dans le sable des constellations
Nous serons des millions
À questionner le ciel
Et un jour nous saurons
Combien claire est la vie
Dans le grand bleu profond
D’une paix infinie
Aux ailes de silence
Où nous aurons un nid

Parce que tu te cherches un monde
Vois ma fille, mon enfant,
La sidération de l’univers
Qui sait malgré les douleurs
Combien ton âme est belle
Attentive et profonde

Jeanne CHAMPEL GRENIER

(extrait de "Feu de tout bois")

 
Baroudeur des Arts
(à Fabien)
 
Tu joues avec les beaux débris du temps qui passe
Roue de chariot devient étoile entre tes mains
Morceau de scie, poisson rouillé
Le souffle de ton esprit les ranime, les agite
Et voici que s'échappe de tes bras et de la nasse
De ton imagination, un étrange squale
Émergeant de la nuit et des grands fonds
On ne sait plus quel est ce monde
Où se brassent et se côtoient les siècles
Ce monde qui émerge du silence nocturne
Pour se répandre à la marée du matin
Sur la plage de tes nuits blanches
Ces joyaux mêlés de remous
De voiles déchirées, de chiens fous
Mais voici que devant nos âmes
Habituées à l'art en casier
Défini, étiqueté, codifié
Apparaissent d'étranges sésames
Imprononçables qui brisent les lois
Et nous traversent et nous transportent
Au-delà de nous-mêmes et du temps
Ces œuvres enfin calmes et reposées
Redevenues familières, nous laissent
La tête rafraîchie, un pied dans l'enfance
Et l'autre escaladant les marches du palais
 
Jeanne CHAMPEL GRENIER


 

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Les violettes d’Émilie
(à Émilie)

Émilie m’a cueilli des violettes,
Des violettes violettes veinées de violet,
Et le printemps dans ma main se répète,
De peur que mon cœur ne vienne à s’étioler.

Elles ont un parfum qui relève la tête
Et un museau qui a l’air de miauler
Car elles ont toutes le profil de Colette
Qui apparaît dans les ultraviolets.

Émilie m’a cueilli des violettes,
Des violettes violettes veinées de violet,
Tous les matins elle va sur les crêtes
Et redescend gaie comme un cabriolet.

Émilie m’a cueilli des violettes,
Des violettes violettes veinées de violet,
Je les respire et mon cœur s’arrête
Et rebondit comme un faon de l’année.

Jeanne CHAMPEL GRENIER

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Maman de Clément

 

 

 

Divin Enfant
(à Clément)

Il a besoin de moi pour découvrir la vie
Et j'ai besoin de lui pour débusquer l'espoir
C'est un grand personnage : il a dix mois à peine
Mais n'a pas son pareil pour occuper l'esprit
Il perturbe les nuits, envahit les journées
Ne  réussit jamais à se faire oublier
Il s'intéresse à tout : au crottin, au yaourt
Aux pépins de la pomme et au grain de café 

Il écoute et entend la moindre mécanique
Invente les mimiques du plus beau des ménates !
De la tondeuse, au chien, en passant par l'auto
C'est une bande son pour nouveau scénario
Le monde est à ses pieds, moi en particulier
Plus l'âge nous éloigne et plus on se rapproche

Il a vu cet insecte, une sorte d'abeille
Qui faisait du surplace dans un rai de lumière
Il m'a même semblé que l'abeille l'aimait
Car elle est revenue deux fois pour saluer
Et puis sur le chemin sur le mur mitoyen
Deux pervenches debout, de leur visage bleu
L'ont regardé de prés et lui ont bien parlé

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Je n'ai rien entendu, c'est normal à mon âge
Mais eux se sont compris, ils sont nés depuis peu
Ouvrant leurs yeux tout neufs de la dernière pluie
Il caresse les fleurs comme on caresse un chat
Et il mime aussitôt la surprise ravie
Avec sa bouche en rond et ses grands yeux ouverts

 

Je n'exagère en rien si j'ajoute ceci :
Les oiseaux du jardin parlent déjà de lui
Deux merles s'interpellent et font courir le bruit
Qu'il va bientôt marcher et peut être voler
Il va quitter le nid et de ses propres ailes
Puis va grimper aux arbres manger les mirabelles

 

J'avais tout plein d'ennuis, de malheurs, de misères
Et le monde semblait vraiment devenir fou
Mais depuis qu'il regarde d'un œil si pur la terre
Nul besoin de calmant, de potion, de prière
J'ai rencontré quelqu'un qui me guérit de tout

 

Jeanne CHAMPEL GRENIER

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