Un train pour Odessa, Éditions France Libris, 2015

Roman

 

 

Extrait : (...) Hélas nos répertoires, comme tout ce qui circulait en Russie, étaient surveillés ; ils devaient obtenir l'autorisation des autorités civiles avant le début des représentations. C'est ainsi que le long poème poignant d'Anna Akhmatova, grande poétesse native d'Odessa, fut refusé. Elle y racontait l'emprisonnement de son fils et la terreur de toutes les mères. Nikholaï l'avait mis en musique de façon émouvante ; je me souviens de ces mots : « ces bagnes où s'enterre une mortelle peine... ».

C'était ça encore la Russie, 15 ans après la mort d'Anna Akhmatova; cela rendait Nikholaï furieux. Mais il ne fallait rien manifester et continuer à chanter pour la survie de la pensée, montrer qu'on était vivants, amoureux des arts et du peuple. « Mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort », disais-je à Nikholaï et il me répondait par un hochement de tête négatif. Nikholaï prenait alors sa bandoura et nous nous entrainions à chanter le nouveau répertoire qu'il avait composé et qui s'intitulait : UKRAINE, mon amour.


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Aquarelles extraites d'"Un train pour Odessa"

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Commentaires

  • Louis DELORME
    Comme le dit Michel Lagrange dans sa lettre adressée à Jeanne, on ne distingue pas ce qui est vrai de ce qui est inventé, parce que tout est vérité dans ce livre, émouvant, ô combien ! Tout y est : la culture russe, les détails de la vie, la simplicité du quotidien, l'authenticité des personnages, les horreurs du "soviétisme". Une documentation riche et précise nous permet de recréer les scènes, de suivre l'itinéraire de cette femme, Anne, qui va au devant de son destin comme si celui-ci était tracé de toute éternité. Jeanne est sous-jacente dans le personnage car elle y a mis beaucoup d'elle-même, de ses connaissances sur l'art, de ses activités de peintre et de poète. Mais elle a reconstitué à merveille l'atmosphère de la vie russe et des conditions d'existence dans un milieu où la liberté est loin d'aller de soi. L'histoire est bouleversante.
    L'amour d'Anne et de Nikholaï nous touche jusqu'aux larmes. Leur scène d'amour, page 51, est un morceau d'anthologie, d'une délicatesse inégalée, d'un érotisme de la meilleure facture. C'est Anne, l'héroïne, qui raconte : «...des mots russes passaient furtivement comme le lièvre des neiges sur ma peau et je sentais la chaleur de son haleine qui faisait courir des frissons de désir dans tout mon corps et puis ce fut la suite haletante, la traque du saumon sauvage entre les pierres des cascades, la fuite malicieuse de la zibeline au creux secret des steppes et l'extase enfin où nous nous retrouvions tremblants et couverts de sueur en plein cœur de notre feu intime dont les flammes baissaient un peu et dont les braises allaient couver jusqu'à la prochaine étincelle. » Comme cela est bien et sobrement dit !
    On se passionne pour cette équipe d'artistes passionnés de chant et de musique qui s'en vont donner des concerts ici et là et on les suit dans leurs tournées. On tremble lorsque l'histoire tourne au cauchemar, à cause d'un régime totalitaire dont les prétendues investigations cherchent à faire un coupable idéal d'un innocent qui déplaît. Le procédé de Vichinsky ne date pas d'hier. Le goulag est l'épée de Damoclès de ce pays. Avant même les événements que l'on sait, l'auteur a eu la prémonition de ce qui attendait l'Ukraine. Le roman se lit d'une traite, on ne se résout pas à en détacher ses yeux avant d'atteindre le point final. Et il nous laisse une impression de plénitude, d'accomplissement, avec son dénouement heureux.
    La poésie n'y perd jamais ses droits et les poèmes que Nikholaï écrit à destination d'Anne semblent avoir été traduits du russe. Une telle histoire pourrait très bien avoir fait la une des journaux, tant sa réalité est prégnante. Un livre qu'il faut lire absolument.
    Louis Delorme
  • Michel LAGRANGE
    • 2. Michel LAGRANGE Le 07/03/2017
    Je viens de fermer le livre ''Un train pour Odessa'' que vous avez eu la gentillesse de m'envoyer.
    Je suis donc parti en voyage sur les traces d'Anne...Un beau voyage vécu comme de l'intérieur. Je ne sais ce qui est vrai et ce qui est imaginé mais tout cela est crédible et on aime voyager en compagnie de ces personnages attachants. On y croit, on s'y croit. Que de réminiscences et de sensibilité ! On vous reconnaît par votre sensibilité, votre délicatesse, ce que j'appellerais votre bonté naturelle qui vous fait adhérer en sympathie avec autrui.
    Amitié, amour, prison, goulag, enfer et mort, tout cela est fort humain…. J'ai bien aimé !
    Lettre adressée à Jeanne le 29 décembre 2015 
    Michel Lagrange
    lagrange.michel@orange.fr      

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